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Réalisateurs : Jim McBride
Acteurs : L.M. Kit Carson, Eileen Dietz, Lorenzo Mans, Louise Levine, Fern McBride, Michel Lévine, Robert Lesser, Jack Baran
Synopsis :
Pour mieux comprendre sa vie et puisque selon Godard « le cinéma c’est 24 fois la vérité par seconde », David Holzman, apprenti cinéaste dans le New-York des années 60 commence son journal filmé. Revoir le film de sa vie lui permettra peut-être d’en saisir le sens. Mais David Holzman va vite comprendre que l’omniprésence de la caméra dans son quotidien n’est pas sans influence sur le cour de son existence…
Tourné en 1967, Le Journal de David Holzman fait date dans l’histoire du cinéma. Le geste assez est assez important pour faire entrer le film au Registre national du film de la Librairie du Congrès, liste de d’œuvres clés du 7ème art. Précurseur du genre « documenteur », les premiers spectateurs y distinguent mal ce qui relève du documentaire et de la fiction. Passerelle entre les genres, réflexion sur l’altération du réel par l’acte de filmer, Jim McBride livre un film à la fois réflexif et léger, sensuel et cérébral. Quarante ans après sa réalisation, le film ne cesse d’être étudié et redécouvert. Il s’agit d’un des premiers (le premier ?) films de fiction qui cherche pleinement à se faire passer pour un documentaire en égrainant tous les indices du genre. Si le procédé du « faux documentaire » nous paraît aujourd’hui commun et a participé à la singularité ou au succès de films aussi divers que L’Ambassade (Chris Marker), Punishment Park (Peter Watkins), F for Fake (Orson Welles), C’est arrivé près de chez vous (Rémy Belvaux, André Bonzel & Benoît Poelvoorde), Le Projet Blair Witch (Daniel Myrick & Eduardo Sánchez) ou dernièrement Faites le mur ! (Banksy), Le Journal de David Holzman reste précurseur du genre et l’un des plus subtile, parce que l’artifice se double toujours d’une réflexion sur le cinéma. A l’apogée du cinéma direct, Jim McBride avait voulu en réaliser un exercice critique, montrer que le documentaire restait une affaire de mise en scène et de point de vue, en somme qu’il fallait toujours se méfier de "ce qui fait vrai", de l’apparente objectivité du caractère enregistreur de la caméra. Ironiquement, le David Holzman du film affirme, en hommage à Godard, que « le cinéma c’est la vérité 24 fois par seconde »… ce qu’en fait le film met un soin pervers à démentir. La grande force du film est aussi de réfléchir sur la dimension voyeuriste du cinéma, sur ce qu’il se passe lorsqu’on filme l’intime.
Dans L’Epreuve du réel à l’écran (De Boeck), François Niney rappelle à ce titre que le film de McBride démontre « que pour être autre chose que du voyeurisme et de l’exhibitionnisme, le cinéma-vérité ou le cinéma direct exigeant soit la mise en scène d’un véritable dispositif d’échange entre filmer et filmés, (comme chez Rouch), soit la construction d’un espace objectif où puissent évoluer, se parler et se faire entendre les protagonistes, comme chez Wiseman […] Car la caméra subjective monomane ne laisse d’autre échappatoire aux filmés que d’être ses proies plus ou moins consentantes ou bien de l’éconduire. »
En cela David Holzman’s Diary dialogue assez secrètement avec Le Voyeur de Powell et Pressburger.
Bonus :
Contient : un livret 24 pages
"My Girlfriend's Wedding" de Jim McBride (60')
"My Son's Wedding to my Sister,in,Law" de Jim McBride (10')
Entretien avec François Niney autour du "Journal de David Holzman" (20')
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